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Peintures de la campagne et des villages
Albert Siffait de Moncourt « aime les froids crépuscules et tout aussi bien les matinales et discrètes lumières. Quoi d’étonnant si sa peinture fuit les violences ? Quoi d’étonnant si, naturaliste, elle baigne dans le mystère et la poésie mêmes de ce sol ? »
XVIIème Exposition des Rosati Picards, 5-15 mars 1925 à Amiens. Maurice Farcy




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Pourquoi l’automne est sa saison préférée ?
"Il lui faut la mélancolie de l'automne, cette saison qu'il a comprise et aimée plus que les autres, pour rendre la mélancolie d'un vieux château, dont la grille reste close, comme dans le tableau qu'il exposait en 1913, sous le titre : Grille de parc; ah ! comme il a su rendre expressive cette grille fermée ! La même année, il nous faisait méditer devant une rue de province, une de ces rues où l'herbe pousse entre les pavés. Comme elle est bien silencieuse cette rue ou presque personne ne passe, cette rue ensommeillée, ou le pinceau de l'artiste est allé chercher je ne sais quel rêve. Sommeil de l'automne; sommeil profond, de l'hiver; places exiguës où la chute d'une feuille morte est un bruit; escalier, dont les marches usées font penser que ceux qui l'ont monté n'y repasseront jamais; lumière discrète, tamisée par le brouillard, éclairant un canal au cours alangui; maisons basses qui se mirent dans les flaques d'eau, que la pluie a oubliées au creux des ornières ; bornes de pierre réunies par une chaîne de fer, que la rouille dévore; arbres rabougris courbes par l'effort du vent de mer; voilà toutes les expressions par lesquelles s'est traduit le talent plein d'une poésie nostalgique et prenante de cet artiste si délicat que fut Albert de Moncourt."
Artistes de notre temps, Emile Langlade, 1933